Alors que l'Italie et la France avait retrouvé une entente apaisée en signant le Traité du Quirinal, l'élection de Giorgia Meloni en tant que Président du Conseil des ministres fait craindre un changement de paradigme dans les relations franco-italiennes.
![](https://static.wixstatic.com/media/8f3973_5cf9db6648354eb599ca472f21222b80~mv2.jpg/v1/fill/w_932,h_582,al_c,q_85,enc_auto/8f3973_5cf9db6648354eb599ca472f21222b80~mv2.jpg)
Le 22 octobre 2022, en prêtant serment devant le Président de la République italienne Sergio Mattarella, Giorgia Meloni est devenue la nouvelle Présidente du conseil avec 26% des voix et le soutien des partis de La Lega, dirigé par Matteo Salvini, et de Forza Italia, représenté par Silvio Berlusconi.
Cette nouvelle coalition d'extrême droite a fait valser le précédent gouvernement de Mario Draghi au risque de mettre à mal le Traité du Quirinal, signé entre la France et l'Italie, il y a un an, le 26 novembre 2021.
Francophone, Giorgia Meloni n'en est pas pour autant francophile. Son parti, Fratelli d'Italia, avait été le seul à voter contre le Traité faisant craindre ainsi pour sa pérennité à l'aune de la récente élection. L'initiative a pour mission de réchauffer les relations franco-italiennes rendues difficiles ces trois dernières décennies et de faciliter la collaboration. Cependant, il faut bien dire que ce traité est le fruit d'une conjoncture favorable. Le Président du Conseil italien d'alors, Mario Draghi, et le Président français, Emmanuel Macron, se connaissaient et partageaient des idées politiques communes qui ont permis de modeler le Traité du Quirinal en un temps record.
Alors qu'en ce moment, les relations entre la France et l'Allemagne sont plus que tendues, allant même jusqu'à annuler leur déjeuner, l'Italie et la France disposent, à présent, d'un boulevard pour faire fructifier leur traité commun et développer une coopération aussi forte que celle entre le couple franco-allemand. D'ailleurs, en ces jours de crise énergétique, les deux pays défendent tous les deux un plafonnement des prix du gaz et une plus grande solidarité entre les Etats au grand dam de Berlin.
Un risque pour le Traité ?
Malgré l'inquiétude des marchés et d'une partie de l'Union Européenne, l'arrivée de Giorgia Meloni ne devrait cependant pas changer fondamentalement la ligne directrice du gouvernement italien. En femme intelligente, pragmatique et prudente la cheffe de gouvernement a tenu à rassurer en s'engageant à respecter les contreparties venant avec le plan de relance européen post-covid et à poursuivre la politique initiée par son prédécesseur, Mario Draghi.
Bien qu'issue d'une mouvance post-fasciste et réticente à une Union Européenne fédéraliste, Giorgia Meloni compte jouer le jeu pour le moment et préfère avancer ses mesures phares à l'intérieur de l'Italie comme un meilleur contrôle des avortements et une lutte contre les "lobbys LGBT".
D'ailleurs, pour prouver ses bonnes intentions, la nouvelle Cheffe de Gouvernement, a nommé au ministère de l'Économie, Giancarlo Giorgetti, un proche de l'ancien Président du Conseil, Mario Draghi. Pour les affaires étrangères et notamment les relations avec l'Union Européenne, c'est Antonio Tajani qui a été nommé et à juste titre puisqu'il était Président du Parlement Européen entre 2017 et 2019.
Des nouvelles rassurantes pour les partenaires européens qui annoncent une continuité dans les politiques précédemment entreprises et une relation pragmatique avec la France, au vu de la situation économique et géopolitique actuelle.
Une rencontre impromptue
Emmanuel Macron et Giorgia Meloni se sont rencontrés dès le 23 octobre. Le Président était d'ailleurs, le premier chef d'Etat rencontré par Giorgia Meloni. Un bon présage pour les futures relations franco-italiennes, seulement la rencontre n'était initialement pas prévue, du moins elle n'avait pas été officialisée.
Le Président français ne s'était rendu à Rome que pour participer au Forum de la Paix organisé par la Communauté Sant'Egidio et par la même occasion rencontrer le Pape François.
De cette rencontre frileuse entre Emmanuel Macron et Giorgia Meloni, aucun des deux ne s'en est réellement vanté. Meloni a tu la rencontre sur ses réseaux sociaux et Macron s'en est tenu à une déclaration des plus formels : "En Européens, en pays voisins, en peuples amis, avec l’Italie nous devrons poursuivre tout le travail engagé. Réussir ensemble, avec dialogue et ambition, nous le devons à notre jeunesse et à nos peuples."
Une première rencontre informelle entre deux rendez-vous selon les Gouvernements officiels qui laisse présager des liens pragmatiques et fonctionnels mais rien de chaleureux et incubateur de grands projets bilatéraux comme la France a pu connaître entre François Mitterrand et Helmut Kohl ou Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt.
Comentarios