Un an après la signature du Traité du Quirinal, le traité bilatéral entre la France et l'Italie entre dans une période charnière. Celle de sa mise en œuvre progressive. La série d'articles « La parole aux acteurs de la coopération » vise à explorer la manière dont les acteurs locaux appréhendent le Traité du Quirinal.
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Filippo Giabbani travaille comme Directeur général du programme Maritime pour le compte de la Région Toscane depuis un peu plus d'un an. Il était auparavant Directeur général des affaires internationales et de l'investissement pendant presque sept ans au sein de la Région Toscane. Filippo Giabbani a également participé à la promotion de la Toscane pendant 14 ans pour l'agence Toscana Promozione.
Tout d'abord, pouvez-vous décrire votre mission actuelle pour le programme Maritime dans la région Toscane ?
Je suis le responsable de l'autorité de gestion du programme Italie-France Maritime, je suis donc le gestionnaire qui s'occupe de la structure qui suit précisément la gestion du programme et en général des activités internationales de la Toscane.
Quelle est la mission du programme Maritime ?
Le programme Maritime fait partie du thème général des politiques européennes de cohésion. Son objectif principal est de renforcer les relations, d'avoir une meilleure intégration entre les cinq territoires du programme, qui sont : trois régions italiennes, la Toscane, même si elle n'est que partiellement concernée car nous ne sommes impliqués que dans les provinces côtières, puis la Sardaigne et la Ligurie et enfin il y a deux régions françaises, la Corse et deux départements de la région sud, le Var et les Alpes-Maritimes.
Comment accueillez-vous le Traité du Quirinal ?
Comme une opportunité, comme une grande opportunité. A la fois à un niveau plus spécifique, en ce qui concerne l'Italie et la France, et comme une opportunité au niveau de l'Union européenne.
Ensuite, à un niveau spécifique, parce qu'il nous permet d'institutionnaliser des mécanismes de coopération renforcée entre la France et l'Italie et cela nous aide certainement à collaborer davantage dans des domaines qui concernent aussi bien le champ institutionnel que le champ économique et social. Cela nous permet également d'éviter des problèmes, comme ceux qui se sont produits récemment, en bref, la relation, disons, entre notre gouvernement et le gouvernement français.
Au niveau européen, je vois une contribution importante parce que si le traité est pleinement mis en œuvre et fonctionne au mieux, il nous permet de renforcer le moteur franco-allemand, en ce qui concerne l'Union européenne, par un moteur italo-français.
Personnellement, je pense aussi que nous devrions probablement fermer le triangle en créant également un accord de coopération entre l'Italie et l'Allemagne. De manière à ce que les trois plus grands pays de l'Union européenne puissent assumer davantage de responsabilités.
Il est certain que, pour l'Italie et la France, il serait peut-être opportun de créer des relations bilatérales plus fortes avec un autre pays. La partie sud de l'Union européenne, c'est-à-dire l'Espagne, est importante, car cela nous permettrait peut-être de renforcer un peu la vision méditerranéenne. Ces dernières années, elle a peut-être été davantage portée par les pays du Nord.
Le programme Maritime est le parfait exemple de la collaboration franco-italienne. Avez-vous déjà remarqué quelque chose de nouveau dans le traité qui pourrait vous aider dans le programme ?
Définitivement oui ! Nous avons un article qui est spécifiquement dédié à la coopération européenne. Il s'agit de l'article 10 qui prévoit également la mise en place de forums de discussion dans lesquels les différents acteurs qui travaillent déjà au renforcement des organisations entre l'Italie et la France peuvent être accueillis.
Nous avons deux programmes consacrés à la coopération territoriale entre l'Italie et la France, l'un maritime et l'autre territorial. Il s'agit de deux programmes qui ne sont pas liés l'un à l'autre, dans le sens où certaines régions italiennes sont impliquées et pas d'autres.
Il y a ensuite les programmes de coopération en Europe, je pense à Med ou Next Med, qui incluent non seulement l'Italie et la France, mais aussi l'Italie et la France parmi d'autres. Ces instruments devraient probablement trouver ici, à la lumière du traité, une plus grande possibilité de comparaison et de diffusion.
Avez-vous déjà pu commencer des projets ou est-ce encore trop tôt ?
Pas encore, mais dans le cadre du traité, nous cherchons également à conclure des accords bilatéraux entre la Toscane et des régions françaises. Évidemment, nous avons une attention particulière pour les régions avec lesquelles nous avons déjà un travail commun avec la France à travers le programme Maritime, donc un accord de coopération entre la Toscane et la région sud est sur la dernière ligne droite, nous allons le signer, je pense dans les deux ou trois prochains mois. Nous commençons à négocier un accord de collaboration entre la Toscane et la Corse et aussi un accord entre la Toscane et la région Centre-Val de Loire. C'est un accord plus culturel, Léonard [de Vinci] était à Amboise donc il relie les deux régions.
J'ai vu que vous avez travaillé pour le projet Invest in Tuscany. Pensez-vous que le Traité du Quirinal va développer la Toscane ?
Je le crois oui. La France est le premier investisseur en Toscane, notamment grâce aux deux groupes que sont LVMH et Kering. Mais pas seulement dans le sens où nous avons des investissements français dans l'énergie, les transports, l'hydrogène, donc en termes de nombre d'entreprises sous contrôle étranger présentes en Toscane, la France est la première.
En plus de cela, la France est un partenaire important sur le plan du commerce extérieur, donc je crois qu'il y a déjà des relations très profondes.
Pensez-vous que le traité a un avenir ? Dans le sens où Draghi-Macron formait un bon couple mais le couple Macron-Meloni est déjà mal parti. Le traité sera-t-il en capacité de surmonter les rivalités politiques ?
C'est ce que j'espère, d'un point de vue personnel. Je ne crois pas qu'un partenariat assez unique au niveau européen, en dehors du Traité franco-allemand, puisse être désavoué ou ignoré. Je ne pense donc pas qu'il s'agisse d'un traité destiné à rester lettre morte. Nous avons pris un mauvais départ, mais j'espère que ce sera un accident.
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